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22 septembre 2016 4 22 /09 /septembre /2016 09:34

1. Qu’avez-vous fait depuis votre année de formation au sein du Master, et quelle est votre activité actuelle ? 

 

Suite à l'année de formation au sein du Master, j'ai été recrutée par l'agence Artevia à Paris au poste de chargée de production. Artevia est une agence de développement et de production de projets culturels qui travaille tant avec des clients privés telles que des marques de luxe, qu'avec des collectivités territoriales comme la Mairie de Paris. Si j'ai choisi cette agence c'est d'abord pour sa vision innovante et décloisonnée de la culture, mais aussi pour son approche du métier de producteur de projets culturels. En effet, Alain Thuleau, directeur général d'Artevia, décrit souvent l'agence comme une boîte à outils permettant de mettre en œuvre une pluralité d'événements, de la conception à la réalisation. 

 

J'ai donc travaillé pendant deux années au sein de l'équipe d'Artevia en tant que chargée de coordination et de production. Je suis d'abord intervenue sur les deux premières éditions de la Fête du graphisme, événement initié et produit par Artevia. Mon rôle a été d'une part d'assister la production générale de la manifestation, et d'autre part de piloter la mise en oeuvre de dix workshops inter-écoles au sein de dix écoles d'arts graphiques parisiennes.

 

J'ai également co-piloté la première édition du festival international de design à Paris, Think Life, Nouvelles vies mode d'emploi, événement co-produit avec l'association D'DAYS. Dans ce cadre, j'ai participé à la conception des formats de l'événement, à la coordination générale, notamment avec les équipes du Carreau du Temple (lieu d'accueil de la manifestation), ainsi qu'à la programmation des conférences. En parallèle, j'ai également été en charge de répondre à plusieurs appels d'offre et contribué au développement commercial de l’agence. Enfin, j'ai co-piloté des études préalables pour accompagner des clients privés dans leur stratégie de positionnement culturel pour l'ouverture de nouveaux lieux. 

 

Depuis un an, je vis à Lyon et je travaille à la Cité du design à Saint-Etienne, au poste de chef de projets Territoires dans le cadre de la 10ème édition de la Biennale internationale de design. Je coordonne l'ensemble de la programmation OFF ainsi que les appels à projets initiés dans l'espace public (Banc d'essai et Rue de la République du design). Au contact des acteurs culturels et associatifs locaux, je participe au développement de la Biennale hors-les-murs et à son appropriation par les publics à différentes échelles.

 

2. Que défendez-vous ? 

 

Urbaniste de formation, je crois aujourd'hui que la culture constitue un véritable socle du développement territorial. Pour reprendre les mots de Jean Blaise dans son dernier ouvrage co-écrit avec le sociologue Jean Viard, Remettre le poireau à l'endroit (2015, éditions de l'Aube), « la culture c'est la ville ». Je suis convaincue que nous, contributeurs de l'action culturelle, devons favoriser la multiplication des propositions et des formes artistiques dans l'espace public. La fabrique de la ville de demain fondée notamment sur les enjeux de développement durable, de mixité sociale et d'intensité urbaine, passe indéniablement par la reconquête de territoires et par la construction de la ville sur la ville, c’est-à-dire sa densification notamment en travaillant sur les interstices et les friches. 

 

C'est dans ce cadre que la création artistique joue un rôle. Il ne s'agit pas, comme on le pense souvent, de poser un vernis pour masquer des disparités socio-urbaines, mais bien de multiplier les actions artistiques et les événements pour impulser un processus de re-dynamisation territoriale. Dans ce cadre, à nous de créer et de mettre à disposition les outils au service d'une synergie entre les professionnels de la ville, les élus et les habitants, pour que la création artistique devienne le combat de chacun ! 

 

3. Quels sont les enjeux culturels majeurs actuellement à vos yeux ?  

 

Quatre enjeux culturels majeurs sont aujourd'hui posés en matière d'action culturelle.

 

- Pour de nouveaux territoires de création : les formes classiques de diffusion tels que les musées et les théâtres doivent être progressivement déconstruites pour consacrer la culture hors les murs. L'espace public urbain mais aussi rural, périurbain, les friches et les espaces délaissés doivent devenir des lieux de création in situ.

 

- De nouveaux acteurs et de nouvelles formes d'organisation : l'émergence de "collectifs", composés d'acteurs issus de la société civile, d'experts, de techniciens et d'associations, illustre la nécessité de "faire ensemble" pour révéler les nouveaux territoires de création et répondre aux enjeux du vivre-ensemble.

 

- De nouveaux champs d'action, social et économique : la culture ne doit plus être pensée aujourd'hui comme un mode de loisirs et de divertissement. Nous devons en effet valoriser des actions culturelles socialement responsables et économiquement efficaces, pour assurer le développement des territoires. Les structures socio-médicales, les établissement pénitenciers mais aussi les acteurs économiques doivent devenir les partenaires de la culture de demain.

 

- De nouveaux outils d'intervention et de diffusion : à l'heure de la révolution numérique et de la dématérialisation de nos modes de vie, l'action culturelle doit se saisir des outils d'information et de communication 2.0 pour renouveler ses modes de diffusion et séduire de nouveaux publics : art digital, plateforme de financement participatif, mobilier interactif… 

 

4. Que voulez-vous faire dans les 10 prochaines années, quelles idées voulez-vous défendre ? 

 

De façon très spontanée, je crois qu'il est difficile, à 27 ans, de répondre à cette question car je découvre tout juste ce métier. Néanmoins, dans les années qui arrivent, j'envisage de développer des projets au coeur de l'action publique culturelle. Je souhaite continuer un travail de terrain approfondi au contact des publics et participer à la création d'outils de mise en oeuvre d'une politique culturelle territoriale adaptée. Malgré un contexte socio-économique morose, certaines initiatives issues notamment de l'économie sociale et solidaire, donnent à voir une société redevenant humaniste sous quelques aspects. Dans ce cadre, je suis convaincue que la culture peut redéfinir l'identité collective en investissant les marqueurs singuliers de chaque territoire. 

 

Bianca Farrugia (8ème promotion du Master, 2012-2013) a notamment été chargée de production au sein de l’Agence Artevia. Elle est actuellement chef de projet à la Cité du Design de Saint-Etienne dans le cadre de la Biennale Internationale de Design

 

Biennale Internationale de Design de Saint-Etienne 2015. Crédit photo : Pierre Grasset. 

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Published by Master Projets culturels dans l'espace public - dans Parcours d'anciens étudiants