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22 novembre 2016 2 22 /11 /novembre /2016 15:17

1. Qu’avez-vous fait depuis votre année de formation au sein du Master, et quelle est votre activité actuelle ? 

 

Dans le cadre de mon projet de fin d’étude en DSAA communication visuelle à Olivier de Serres, j’ai co-fondé avec Caroline Bourgeois le collectif Goûte moi ça !. Depuis 2011, nous développons des ateliers graphiques participatifs et comestibles. De la sérigraphie sur crêpe au tatouage sur banane, nous nous amusons à détourner les codes et les supports en passant du graphisme à la cuisine. En mars dernier, nous avons sorti un livre DIY «Les ateliers qui se mangent» aux éditions Tana. Un recueil illustré de 40 ateliers à faire dans la cuisine pour les enfants et leurs parents. En suivant le Master Projets culturels dans l’espace public, je voulais me professionnaliser dans la mise en place de projets en confrontant ma pratique à d’autres disciplines. J’ai écrit mon mémoire sur l’Odyssée de la galette, un projet itinérant autour du bassin méditerranéen. L’idée est d’organiser des ateliers afin de mettre en place des événements sur la place du marché pour fabriquer, imprimer puis manger des galettes. J’ai eu la chance de réaliser deux étapes de cette aventure en 2015, d’abord en Algérie puis au Portugal. Pour la partie algérienne du projet, j’ai obtenu une subvention de l’Ambassade de France. À Oran, j’ai travaillé avec l’équipe de l’Institut français et l’association Bel Horizon à l’occasion de la marche du 1er mai. J’ai croisé la route de Pascal Le Brun-Cordier et Danielle Bellini, Alexis Nys et la Compagnie Les grandes personnes. Nous avons mis en place un atelier de sérigraphie pour les enfants et deux journées de cuisine pour fabriquer 70 galettes de semoules imprimées dans les locaux de la FARD. Le jour du 1er mai, nous avons organisé un buffet typographique en français et en arabe. À Alger, j’ai rejoint Louise Dib, graphiste typographe pour organiser 3 jours d’ateliers dans l’école Artissimo. Avec les étudiants, nous avons mis au point des décors en papier et des lettrages comestibles pour tourner le stop-motion « Goûtons l’Algérie ». Au Portugal, j’ai couru après les Broa de Milho avant de traverser l’Alentejo pour rencontrer le meilleur boulanger du monde à Monsaraz. Sur un air de carioca, l’aventure a pris les couleurs du Brésil lors d’un atelier de sérigraphie sur crêpe de tapioca. Souhaitant mettre en place une étape grecque de l’Odyssée de la galette pour l’été 2016, je suis à l’écoute d’éventuels bons conseils ou d’idées de contact. laura.doucene@gmail.com

 

 

2. Que défendez-vous ? 

 

L’espace public est facteur de rencontres et d’ouvertures. Il y a un énorme travail d’éducation populaire à faire. Pendant l’écriture de mon mémoire, j’ai rencontré le compositeur Nicolas Frize qui m’a confié que ce qui l’intéresse lors d’un projet mené avec les gens est de donner envie à chacun de se « déplacer » dans son quotidien. Il ajoute que l’abstraction est une donnée essentielle afin d’intégrer le plus grand nombre au cœur d’un projet participatif. Cela me plaît. Je pense qu’il est important de mettre en place des processus artistiques durables qui s’adressent à une diversité de public et qui favorisent la participation et l’interaction des habitants. Je suis consciente de la difficulté de mener ce type d’action. Le marketing territorial, les enjeux budgétaires et le buzz que provoque le mot espace public dans la sphère culturelle ne facilitent pas la démarche. Il existe une hiérarchie de projets et une hiérarchie d’acteurs culturels. Il faut savoir se faire une place ou plutôt savoir inventer sa place. J’aime l’idée de faire des projets « avec et pour » mais je me questionne sur la façon dont certains projets peuvent être récupérés. 

 

3. Quels sont les enjeux culturels majeurs actuellement à vos yeux ?  

 

Les enjeux culturels sont étroitement liés aux questions politiques et sociales actuelles. Il est important de trouver des moyens d’actions pour nous donner envie collectivement d’espérer. Une mobilisation citoyenne qui sort des sentiers battus et qui s’organise sur le local peut contribuer à « déplacer » les gens, qu’il s’agisse des porteurs de projets comme des participants. Nombre d’actions pertinentes qui permettent de créer du lien existent et prouvent que cela sert pendant un temps donné à changer les choses, à ré-inventer son quotidien. La temporalité des projets est pour moi la donnée clé d’une « infusion » culturelle réussie. Les divers collectifs, associations et compagnies qui œuvrent sur le terrain, s’organisent en réseaux, se connaissent et se rencontrent. En travaillant au 6B (Saint-Denis), j’ai pris la mesure de ce fonctionnement. L’éthique est une nouvelle valeur à défendre. Il y a des terrains d’interventions riches et divers. Il y a des expériences multiples, des réflexions abouties et l’envie de faire autrement. Il y aussi une réalité économique à prendre en compte. 

 

4. Que voulez-vous faire dans les 10 prochaines années, quelles idées voulez-vous défendre ? 

 

J'ai été reçue à l’agrégation d’arts appliqués. J’aimerais continuer à prendre du plaisir dans la conception de projets. Si j’ai la chance d’encadrer des étudiants en design, j’aimerais pouvoir transmettre l’envie d’expérimenter avec curiosité et transversalité. 

 

Laura Doucène (9ème promotion du Master, 2013-2014) a co-créé Goûte moi ça !, collectif de création graphique et culinaire. Elle a publié « Les ateliers qui se mangent » (Éditions Tana, 2015), et a été admise en 2016 à l’agrégation d’arts appliqués. 

 

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Published by Master Projets culturels dans l'espace public - dans Parcours d'anciens étudiants