18 septembre 2007
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Une étude sur "l'emploi et la conception de la réussite" réalisée auprès d'étudiants de trois Masters culturels
Déborah Porchet, étudiante en 2006-2007 au sein du Master Projets Culturel dans l'Espace Public à Paris 1, a réalisé en juillet-août 2007 une étude sur "l'emploi et la conception de la réussite" auprès d'étudiants de trois Masters pro culturels : « Projets Culturels dans l’Espace Public » de Paris 1, « Management du spectacle vivant » de Brest, et « Ingénierie des métiers de la culture » de Dijon.
Extrait de ses conclusions :
"90% des répondants ont trouvé du travail un an après la fin de leurs études. Plus de la moitié ont trouvé un poste très rapidement, et la plupart occupent des postes à responsabilités.
Mais l’enquête a également mis en exergue des difficultés financières auxquelles beaucoup sont confrontés. La mise en parallèle des résultats de l’enquête avec les chiffres nationaux publiés par l’INSEE a été très enrichissante, puisqu’elle a permis d’avoir un point de comparaison indispensable pour analyser certains items. Il est ainsi apparu que les jeunes diplômés de masters culturels avaient beaucoup moins accès au CDI que les jeunes actifs français, et qu’ils étaient beaucoup plus concernés par les emplois aidés, même si ceux-ci sont en général réservés aux personnes rencontrant de grandes difficultés dans la recherche d’emploi... Le dysfonctionnement de l’emploi au sein du secteur culturel, et notamment associatif, est apparu clairement. Les aides à l’emploi en place actuellement ne correspondent pas aux besoins des structures embaucheuses, qui sont en demande de personnes qualifiées pour mener à bien les projets.
Il se dégage de l’enquête une conception de la réussite professionnelle qui semble propre au secteur culturel : la réussite rime avec l’épanouissement, et semble indissociable de la notion de plaisir (liée à l’ambiance de travail, aux projets menés, etc.). Les répondants, dans leur grande majorité, sont satisfaits du poste qu’ils occupent. Mais l’art ne nourrit pas, et l’enquête a été l’occasion pour les jeunes diplômés de crier leur désir d’être payés correctement, et d’avoir un niveau de vie décent. Pas question de capitaliser ou d’investir, juste d’être rémunéré à hauteur du travail fourni. Or le salaire est rarement, surtout pour un jeune diplômé, le reflet de son niveau de compétence.
Les résultats de l’enquête et les témoignages d’anciens étudiants ont mis l’accent sur la dualité présente chez beaucoup de jeunes diplômés : ils souhaitent vivre de leur métier et s’engager pour des actions auxquelles ils croient, mais sont confrontés en même temps à une forte précarité. Beaucoup d’entre eux font partie des « intellos précaires » dont parlent Anne et Marine Rambach. Pour elles, le fait de s’épanouir culturellement et artistiquement dans son travail, et d’avoir un poste valorisant sur le plan intellectuel, parait compenser un peu les bas salaires. Le « salaire moral » équilibre les faibles revenus.
Mais quelle sera l’évolution des jeunes diplômés ? Leur colère face à la précarité des emplois va-t-elle s’estomper, ou exploser ? Vont-ils se battre, ou se résigner ? Ou bien vont-ils, d’ici quelques temps, se réorienter vers des professions plus stables et plus reconnaissantes financièrement envers leurs diplômes et leurs compétences ? Il serait intéressant de suivre les répondants et de leur adresser un nouveau questionnaire dans cinq ans, afin de connaître leur évolution et de savoir si leur notion de la réussite professionnelle est la même.
Cette étude met en relief le malaise des jeunes diplômés de la culture, et des professionnels de la culture en général, lié au manque d’argent et aux conséquences que ce manque entraine sur le mode de vie des personnes concernées. Mais quelles sont les solutions ? Payer davantage les salariés ? Avec quel argent ? Les caisses sont vides, l’Etat se désengage... La société nous apprend à vouloir toujours plus en le payant le moins cher possible, et nous oublions peu à peu le vrai prix des choses. Trois paquets pour le prix de deux ! Trois stagiaires pour le prix d’un salarié ! Le secteur culturel se revendique éloigné du secteur mercantile, mais consciemment ou pas, volontairement ou pas, le raisonnement n’est-il pas le même ?"
(extrait des conclusions de l'étude de Déborah Porchet, p. 65-66)
Pour télécharger une version de synthèse de l'étude : ici.Déborah Porchet, étudiante en 2006-2007 au sein du Master Projets Culturel dans l'Espace Public à Paris 1, a réalisé en juillet-août 2007 une étude sur "l'emploi et la conception de la réussite" auprès d'étudiants de trois Masters pro culturels : « Projets Culturels dans l’Espace Public » de Paris 1, « Management du spectacle vivant » de Brest, et « Ingénierie des métiers de la culture » de Dijon.
Extrait de ses conclusions :

Mais l’enquête a également mis en exergue des difficultés financières auxquelles beaucoup sont confrontés. La mise en parallèle des résultats de l’enquête avec les chiffres nationaux publiés par l’INSEE a été très enrichissante, puisqu’elle a permis d’avoir un point de comparaison indispensable pour analyser certains items. Il est ainsi apparu que les jeunes diplômés de masters culturels avaient beaucoup moins accès au CDI que les jeunes actifs français, et qu’ils étaient beaucoup plus concernés par les emplois aidés, même si ceux-ci sont en général réservés aux personnes rencontrant de grandes difficultés dans la recherche d’emploi... Le dysfonctionnement de l’emploi au sein du secteur culturel, et notamment associatif, est apparu clairement. Les aides à l’emploi en place actuellement ne correspondent pas aux besoins des structures embaucheuses, qui sont en demande de personnes qualifiées pour mener à bien les projets.

Les résultats de l’enquête et les témoignages d’anciens étudiants ont mis l’accent sur la dualité présente chez beaucoup de jeunes diplômés : ils souhaitent vivre de leur métier et s’engager pour des actions auxquelles ils croient, mais sont confrontés en même temps à une forte précarité. Beaucoup d’entre eux font partie des « intellos précaires » dont parlent Anne et Marine Rambach. Pour elles, le fait de s’épanouir culturellement et artistiquement dans son travail, et d’avoir un poste valorisant sur le plan intellectuel, parait compenser un peu les bas salaires. Le « salaire moral » équilibre les faibles revenus.
Mais quelle sera l’évolution des jeunes diplômés ? Leur colère face à la précarité des emplois va-t-elle s’estomper, ou exploser ? Vont-ils se battre, ou se résigner ? Ou bien vont-ils, d’ici quelques temps, se réorienter vers des professions plus stables et plus reconnaissantes financièrement envers leurs diplômes et leurs compétences ? Il serait intéressant de suivre les répondants et de leur adresser un nouveau questionnaire dans cinq ans, afin de connaître leur évolution et de savoir si leur notion de la réussite professionnelle est la même.
Cette étude met en relief le malaise des jeunes diplômés de la culture, et des professionnels de la culture en général, lié au manque d’argent et aux conséquences que ce manque entraine sur le mode de vie des personnes concernées. Mais quelles sont les solutions ? Payer davantage les salariés ? Avec quel argent ? Les caisses sont vides, l’Etat se désengage... La société nous apprend à vouloir toujours plus en le payant le moins cher possible, et nous oublions peu à peu le vrai prix des choses. Trois paquets pour le prix de deux ! Trois stagiaires pour le prix d’un salarié ! Le secteur culturel se revendique éloigné du secteur mercantile, mais consciemment ou pas, volontairement ou pas, le raisonnement n’est-il pas le même ?"
(extrait des conclusions de l'étude de Déborah Porchet, p. 65-66)
Pour en savoir plus sur l'insertion des étudiants du Master. Et pour des témoignages.
Pour en savoir plus sur le Master Projets Culturels dans l'Espace Public : là.
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Published by masterpcep