Rencontre avec Olivier Darné, graphiculteur le 4 novembre 2005, université de Paris 1
Olivier Darné exerce le doux métier de « graphiculteur » et concilie ainsi sa passion pour le graphisme et l’apiculture. Son terrain de jeu est à échelle d’abeille, soit un rayon de 3 km autour de chaque ruche. Il a notamment travaillé en collaboration avec le Point Ephémère, Paris Quartier d’Eté et le musée de la Piscine à Roubaix.
A travers son travail artistique sur l’image, Olivier Darné interroge depuis plusieurs années les notions de circulation, de partage et d’essaimage. Cette recherche a pris une nouvelle direction lorsqu’en 2000, il s’est intéressé aux abeilles et a décidé d’installer des ruches sur le toit de la mairie de Saint-Denis. On comptait environ 80000 abeilles pour 80000 habitants à Saint-Denis ; point de hasard puisque la ruche se voulait une métaphore de la ville. Par la suite, il s’est livré à une série de recherches et d’expérimentations sur la composition du miel en fonction de variables comme l’implantation géographique, le type de cultures pratiquées, la saison, le matériau utilisé pour la fabrication des ruches… Il s’avère que le miel de Saint-Denis, rapidement baptisé « miel béton », n’a rien à envier aux autres miels « campagnards » : non seulement il a bon goût mais il ne contient pas de substances toxiques (oxyde de carbone, hydrocarbures et autres poussières contenues dans l’air des villes). Les abeilles agissent donc comme un filtre contre la pollution. Autre découverte, l’analyse du miel révèle une grande complexité botanique avec plus de 400 pollens différents détectés. Ainsi, il est à l’image de la richesse de la ville et de sa population cosmopolite.
Forts de ce potentiel multiculturel, Olivier Darné et son « Parti Poétique » ont mis en place des actions variées dans l’espace public urbain. Marches, courses d’abeilles, siestes sous des ruches, mise en place de « butineurs urbains » (ruches contenues dans une structure de 2m de hauteur garantissant la sécurité de l’installation) et dégustations de miel répondent à une même envie : créer des liens entre les gens, les disciplines, les quartiers et les territoires. Le graphiculteur travaille actuellement sur un projet de « pollinisation de la ville », à savoir la circulation de conteners-ruchers le long des lignes de RER et/ou de métro. Toutes sortes de personnes seront mobilisées, de l’apiculteur à l’urbaniste en passant par le sociologue ou l’éthologue. Là encore, l’objectif est d’interroger la biodiversité naturelle et culturelle de la ville par l’intermédiaire de l’abeille, tout en contribuant à la création de liens inattendus dans l’espace public. Nous aurons l’occasion de suivre l’avancée du projet sur le blog, puisque plusieurs étudiantes de la formation se sont inscrites au Parti Poétique dans le cadre d’un projet collectif !
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